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SOUVENIRS

peu gras parfois, mais d’une humeur gaillarde, sans méchanceté : liberté d’un jeune auteur qui s’attache à faire un à-propos politique d’une galéjade recueillie n’importe où !

Mais il s’intéressait aussi aux choses de la littérature et sa curiosité intellectuelle se nourrissait des œuvres modernes. Il aimait surtout le théâtre ; il s’y sentait porté. Il en possédait le style, tournant le dialogue avec facilité. Il a laissé l’ébauche d’une pièce : Le gaz hilarant, sorte de comédie bouffe, bâtie sur les singularités d’un savant maniaque. Il donnait à l’Action, chaque semaine, des chroniques dramatiques où il s’essayait à la critique des idées et des mœurs. Il analysait la pièce avec aisance, s’égayant des mots de l’auditoire : car il savait regarder la salle en écoutant le drame, ce qui le conduisait parfois aux plus étranges constatations.

Il affirmait ses préférences. Alexandre Dumas, André Picard, Romain Coolus, Marcel Prévost, et des œuvres comme Les Deux orphelines, la Grande Marnière, le Chevalier Satan, ne lui plaisaient guère. Il réclamait du théâtre « moins bon enfant que celui de Dennery et moins idiot que celui de Georges Oh-