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JOSEPH BARIL

« Leurs lectures : du Guy de Maupassant traduit en anglais, ou du Dickens traduit en français. Dans les milieux français, ils parlent le parisian french — Oh ! how chic ! — et dans les cercles anglais, le slang

« Ni grand, ni petit : ni gros, ni mince : ni joli, ni laid, ce jeune homme qui passe inaperçu dans la rue, c’est le blanc-bec. Il n’a pas l’air bébête du dadais : il n’a pas, non plus, l’air effronté du commis de bar. Sa toilette correcte, de bon goût, n’a rien de l’exagération du pédant ou du libertin, rien de l’insouciance, si légère soit-elle, de l’intellectuel.

« Pas de cachet, pas de caractère, mais de l’effacement, voilà le blanc-bec.

« Autant nos débutantes sont intéressantes par leur caractère, leurs manières, leurs attitudes. autant ces messieurs sont incolores, inodores et sans saveur, comme on dit de certains corps, en chimie.

« Ils sont extravagants d’insignifiance. Chez eux, pas de qualité à louer, pas de défaut à critiquer, pas de saillie à niveler, pas de vide à combler. Ils constituent, dans notre société, les points morts entre les quantités positives et les quantités négatives — les zéros. »