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JOSEPH BARIL

dans un monde où l’on ne lisait que ce qui venait d’ailleurs, mais il partit quand même vers l’inutile conquête, emportant de l’École une formation scientifique dont il tira spirituellement parti.

Le barreau mène à tout, à condition qu’on y entre. Il s’inscrivit à la Faculté de droit et s’y sentit plus à l’aise qu’à l’École des hautes études. Il se pencha sur la solennité du code, avec une curiosité narquoise ; et les leçons vivantes, égayées de mots, du juge Mathieu lui fournirent le thème d’un article gouailleur : Un cours de droit. Second signe de sa vocation. Dans son esprit, les formules mathématiques, les sévérités de la physique, les sentences de la loi prenaient le moule de l’expression littéraire. Il s’abandonna à son penchant. Le droit ne serait pour lui qu’un élément de culture. Il se vouait à la pensée dont il acceptait l’austère discipline et le magnifique tourment. Peut-être irait-il recueillir en Europe la leçon d’une civilisation nuancée, et demander aux maîtres les secrets de la langue française qu’il aimait avec respect et qu’il brûlait de défendre comme elle le mérite : en lui obéissant. C’était une lueur dont il vivait in-