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SOUVENIRS

leurs mœurs, leur caractère, leurs idées ; tous portaient en eux les mots de chaque jour, le parler de France. Ces mots qui ont passé l’océan sont notre première patrie, un des liens qui nous apparentent. Nous les retrouvons avec confiance dans la devise de l’Angleterre : ils semblent gravés sur son blason pour justifier notre double attitude d’amour et de loyauté. Ils ont commandé nos armées, conduit nos luttes, défendu nos droits, chanté nos espérances, pleuré nos deuils, gardé nos foyers, affirmé notre foi. Nous nous reconnaissons en eux et nous survivrons par eux dans le cœur et le geste de ceux qui viendront après nous. Combien nous devons les aimer ces mots qui contiennent, sans la morceler, toute notre âme, et qui sont le sang généreux qui nous réchauffe et nous garde.

Héritiers d’un idéal, nous en avons imposé le respect par nos conquêtes. Il nous incombe d’en assurer la survivance et le rayonnement dans un monde renouvelé par les progrès modernes.

Ce n’est pas à un citoyen de la République américaine, disais-je à M. Pothier, homme d’État et financier, qu’il faut rappeler l’évo-