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SOUVENIRS

Canadien français ; et il mettait au service de sa langue et de sa race la vertu de son verbe. Il restait fidèle aux grands principes dont il s’était imprégné. Il réclamait la liberté par le respect du droit. Cette formule l’apparentait à nos grands parlementaires.

Il quitta la Chambre plutôt que d’abandonner ses doctrines. Il était ainsi fait. Il n’eût pas sacrifié aux plus belles promesses d’avenir la satisfaction d’obéir à sa conviction. Songeait-il déjà à cette brisure possible lorsqu’il s’arrêtait, en avril 1911, à enfermer dans un saisissant rapprochement emprunté au langage du droit la querelle qui sépara Burke et Fox lors de la discussion, à la Chambre anglaise, de la loi organique instituant notre régime de 1791 ? « C’était en cette circonstance mémorable, disait-il, qu’au cours de l’édification du temple de notre constitution, dans un accident de travail sublime et empoignant, la vieille amitié de Burke et de Fox, qui pendant vingt ans avait été insensible aux vertiges de la vie publique, trébucha soudainement des hauteurs de leur estime et de leur admiration mutuelles pour aller se fracasser sur le dur pavé de leurs opinions politiques. C’était l’ef-