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CONSCRIPTION

engagé une forte part de sa population productrice. Sans établir de comparaison ni diminuer les alliés, notre pays me paraissait avoir atteint la limite que l’on était en droit d’attendre de lui, d’autant qu’il devait aussi alimenter ses habitants et diriger vers l’Europe ses excédents de nourriture.

La presse de Toronto prit position contre moi. Est-ce que je n’exagérais pas, me disait le Globe, et, ce qui serait grave, de propos délibéré, pour une raison détournée, for a purpose. N’avais-je pas pris plaisir à réduire le rôle de l’Italie, de la France, de la Russie, de la Grande-Bretagne, pour corser l’effort canadien ? Cet effort, il s’esquissait seulement et cent mille hommes de plus aux armées n’eussent gêné ni notre production, ni notre préparation de l’après-guerre.

Que valaient d’ailleurs ces chiffres que j’alignais, reprenait le Daily Mail. Certes, il fallait garder au Canada des milliers d’hommes pour assurer les travaux de guerre et les sources d’alimentation ; mais beaucoup de Canadiens n’étaient pas dans les rangs militaires ou sur les autres fronts, tels ces beaux parleurs qui s’en tiennent à la rhétorique — ou,