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SOUVENIRS

café du quartier des affaires, nous nous étions partagé la tâche : dans une assemblée convoquée au Monument national nous traiterions du problème politique, militaire, constitutionnel, que posait la conscription, et des conséquences économiques qu’elle entraînerait.

Le grand soir arriva. C’était le 7 juin 1917. La salle était comble. Un auditoire calme : des bourgeois, des hommes de profession, des ouvriers, nombre de jeunes.

Le premier je pris la parole.

Le moment était difficile. Exprimer son sentiment devenait un devoir. Seule la raison triompherait de la crise. Écartons les divisions et que notre effort se poursuive dans une volonté commune, respectueuse de la justice.

« Sans intention politique » (ce que j’étais mordu !), je signalais la nécessité de conserver et d’intensifier nos forces productrices, pour éviter une dépression où sombrerait notre avenir, et pour aider les nations alliées en leur apportant munitions et vivres, ce qui, de l’aveu d’hommes politiques anglais et français, était un moyen de victoire aussi sûr que la lutte armée.