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PROPOS DE GUERRE

muniqués il avait jeté ces mots que l’avenir a tenus : « Les Français en Alsace ! »

La France avait fait l’union sacrée en lui et par lui. Insoucieuse aux yeux de certaines gens, elle est restée fidèle à elle-même. Sa jeunesse était ardente et prête. Pour elle, le petit-fils de Renan avait écrit la Veillée des Armes où la pensée individualiste acceptait la discipline militaire. La jeune France entrait dans la carrière où les aînés vivaient encore.

Au moment où la guerre éclata, nous cherchions à distinguer les chefs qui avaient déjà connu la mêlée. Nos pensées s’attardaient sur les officiers des conquêtes coloniales et sur les anciens lieutenants de 1870. Pau en était. Il avait refusé le commandement suprême et fait passer en Joffre l’âme de son choix. Délégué de l’armée, il avait appuyé la loi de trois ans. Au seuil de sa retraite, il n’avait pas accepté l’épée d’honneur qu’on lui offrait : n’avait-il pas la sienne et l’affection de ses soldats ?

Il gardait la foi qui est la vie. « Le triomphe est certain, disait-il, mais il faut que l’on sache que la lutte sera rude et difficile. Refusons-nous donc à des joies trop promptes et