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SOUVENIRS

et le Canadian Club, stations obligatoires de ces pèlerinages à double foyer dont l’objet est de fortifier les attaches intellectuelles et d’orienter les intérêts économiques. Un dîner réunit, dans la grande salle du Ritz Carlton, pavoisée aux couleurs anglaises et françaises, des figures du Tout-Montréal. Un incident égaya la fête. Les garçons de table, le jour même de l’arrivée de la mission, avaient déclaré la grève. Des jeunes filles, qui s’étaient dévouées aux « Abris de Guerre », assurèrent le service, agréables dans leur uniforme qui constellait d’un mouvement bleu et blanc l’ordinaire placidité d’une réunion bourgeoise.

Le dessert amorça l’éloquence. Une toute jeune Alsacienne, Hortense Apy, portant la cocarde tricolore sur sa coiffe noire, remit une gerbe de roses au Général qui, après avoir salué d’un mot aimable les serveuses improvisées, remercia ses hôtes et s’en remit à ses compagnons d’en dire davantage.

Appelé à prendre la parole, j’évoquai la carrière du général et le tableau dont il était, pour nous, soudain détaché. Il avait commandé. Dans l’angoisse des premiers com-