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PARIS 1913

je venais de faire à Boynes, le pays natal de Veuillot. J’avais souhaité voir ce coin du Gâtinais, où jamais l’illustre écrivain n’était retourné. « Ce n’est pas un voyage, m’avait dit M. Lasnier, le directeur de l’Écho de Pithiviers ; on s’imagine à tort que Boynes est à des kilomètres de Paris. Il faut y mettre deux heures tout au plus. »

La route, depuis Étampes, est ravissante. C’est la campagne de France, fraîche, reposante et soignée. Elle me semble, à moi qui ai l’œil fait aux immenses horizons, un jouet d’enfant où circule un petit train mécanique aux cris stridents et joyeux. Au bas des collines qui se succèdent, courent les plus jolis noms de rivières, sous des arbres qui se penchent. Puis, s’étend la plaine de Beauce, abondante et grasse, où la moisson, réunie en meules, achève de sécher. Merveilleux pays où l’on compte encore par lieues et où les paysans font lentement des vilottes de blé, comme chez nous.

Pour atteindre Boynes, la voie ferrée décrit l’arc d’un cercle dont le centre est la cathédrale de Pithiviers, aiguë et dominant la vieille ville. À la gare, je demande où se