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SOUVENIRS

suit sa carrière à la Renaissance, Lysistrata, l’impayable bouffonnerie antique de Donnay, et la Veuve Joyeuse retiennent la faveur du public. Enfin, il est question, et depuis quelque temps déjà, de Chanteclerc ! Mais il met du temps à éclore.

Je ne fais que citer quelques noms, quelques titres, parmi tant d’autres et je suis loin de donner une idée de l’éclat qu’avait le théâtre de Paris.

Nous allions peu à l’Opéra, mais davantage à l’Opéra-comique. Et nous recherchions l’opérette pour laquelle, comme tant de bourgeois français, nous avions un penchant. Le café-concert nous attirait, avec sa formule vieillotte et naïve et sa facile gaieté : les chanteurs en vogue, Polin, Dranem, Mayol, Fragson, nous faisaient rire ou nous attendrissaient.

Surtout, nous allions chez les chansonniers, les vrais, ceux qui faisaient leurs chansons, les faisaient même pour nous, devant nous, dans les boîtes, comme on disait, depuis Fursy et son Chat-Noir, où nous savions que ce mandarin parvenu, l’homme aux lèvres épaisses