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SOUVENIRS

lasse pas ; passer le matin, vers onze heures, le long des quais et regarder surgir du brouillard le Dôme des Invalides ; longer les rues étroites du vieux Paris, se croire au moyen âge, plus loin encore, et s’imaginer que l’on va voir paraître sur la porte de sa rôtisserie, rue Saint-Jacques ou rue Quincampoix, quelque maître queux d’autrefois, culotte brune et béret jaune, parmi le décor infini des silhouettes officielles.

Je me revois, au moment où j’écris, flânant le long de l’Avenue de Tokio ou du Cours la Reine, par une splendide matinée de mai, sous de grands arbres épanouis que le soleil inonde. Une immense douceur m’accueille dans l’ombre. Je me laisse pénétrer de la chaleur qui naît. Le Grand Palais et le Palais de la Ville de Paris se devinent à gauche. À droite s’amorce le pont Alexandre III et la trouée des Invalides. Au centre, la Seine s’empresse sous les bateaux-mouches.

De ce milieu attachant jaillit la vie de chaque jour. Indéfinissable, faite de mille riens, de mille habitudes, de mille folies, la vie gaie de Paris peut paraître excessive ou trop civi-