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PARIS

Le lendemain de mon arrivée je m’étais engagé seul dans les rues, en suivant le plan que je portais dans ma tête. Pour éviter les ennuis auxquels craint d’être en butte l’étranger trop évident, je me donnais des allures de vieux Parisien — sans y arriver, bien entendu. Car il y avait mes souliers, que je ne pouvais pas supprimer, et dont les bouts carrés juraient parmi les chaussures françaises, outrageusement pointues. Un coup d’œil aux pieds classait l’homme.

Un Anglais me repéra de la sorte et m’interpella : « Do you, by any chance, speak English ? » Il cherchait la gare Saint-Lazare. J’offris de l’accompagner, de le guider, moi qui n’y étais jamais allé. J’eus bien, au coin du boulevard des Capucines, un moment d’hésitation, mais rien ne parut et, par la rue Scribe, je conduisis mon protégé à destination en y mettant la désinvolture d’un habitué.