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SOUVENIRS

vers et ceux de Rosemonde Gérard ; puis, ses approches du théâtre et l’éclatant succès de Cyrano. Rien d’original, mais une vie que j’avais allégée de mon mieux. Étude livresque, évidemment, emplie de détails et d’exactitude. Je me rendis compte plus tard que l’on pouvait juger Rostand différemment ; mais je suis resté fidèle à Cyrano qui nous éblouissait alors que nous le lisions sous cape en philosophie.

Ma mère voulut bien venir m’entendre et juger ma première tentative. Elle fut charmante, à son habitude, mais elle me dit doucement : « Comme ton style est contracté et ta pensée enfermée dans une gangue. Ton père était plus ouvert, il débordait d’images et sa prose courait toute seule le long de sa plume vive. » C’était juste le contraire de ce que m’avait reproché naguère mon professeur de littérature. J’ai essayé de profiter de ces deux leçons ; mais, pour se refaire, à qui s’adresser dans les redoutables solitudes de ce pays ?