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SOUVENIRS

connus, les secondait admirablement. Dans les bureaux prenaient place Honoré Mercier, un homme exquis, et Olivar Asselin, secrétaire de M. Gouin, bouillonnant d’idées.

Je me grisais de cette atmosphère, sans bien me rendre compte de ses complexités. De mon coin, — j’occupais un pupitre dans la salle d’attente — je regardais passer les hommes que l’amitié, l’intérêt ou les mille embarras de la vie conduisaient auprès de mes patrons. Des discussions bourdonnaient autour de moi, dont je ne distinguais pas toujours la nature. Je sentais s’agiter des mouvements qui m’étaient étrangers, car j’étais quantité négligeable, mais dont le caractère, imprécis pour moi, me retenait comme une promesse.

Ai-je vu naître, à cette époque, le mouvement nationaliste ? Il me semble que j’aperçois par-dessus l’épaule d’Olivar Asselin, écrit de sa main nerveuse, un programme qui devait être repris plus tard.

Je quittai l’étude avec regret pour mettre la dernière main à mes examens de licence