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PREMIERS PAS

porte-bonheur d’améthyste qu’une de mes sœurs avait laissé choir par mégarde et qu’elle regrettait comme un cher souvenir. Je saisis la croix, et je remontai les onze pieds avec ma proie que je remis négligemment à sa propriétaire. Cet événement, tout à fait inattendu, consacra une réputation imméritée. Image de la vie !

Plus tard, ce fut Morigeau. Nouvel enchantement ! De notre maison, j’apercevais la plaine, bordée à l’horizon par la souple frange des Laurentides. Je me grisais d’espace et de soleil. Je suivais les travaux des champs, et je compris pour toujours la patience attentive qu’ils exigent et le respect qu’on leur doit. J’appris aussi, sous la dictée de mon oncle, à prédire le temps : nous avions tout le ciel devant nous et la course des nuages.

Je marchais sur la route jusqu’au village, qui n’était qu’un hameau, un poste comme on disait dans le pays. D’ailleurs assez curieux par la présence de familles catholiques devenues protestantes je ne sais pour quelle raison. Quand j’ai lu la Colline inspirée, j’ai