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SOUVENIRS

Nous allions aussi en promenade à travers la ville. Un romancier célèbre, venu de France s’imprégner du paysage américain, nous ayant croisés au cours d’une de ces courses, avait noté : « Ils vont, comme des feuilles mortes. » Donnions-nous l’impression d’une poursuite sans fin ou d’une mollesse sans grâce ? Nous ne l’avons jamais su !

Ces promenades, assez longues, sillonnaient Montréal. Elles s’arrêtaient généralement à une église ou à une chapelle où nous entrions dire une prière et prendre un instant de repos. Chemin faisant, nous regardions les aspects de la rue retrouvée et nous nous efforcions de jeter un coup d’œil aux montres des magasins. Nous revenions, amortis, manger le croûton de pain que l’on nous servait dans un large panier d’osier à deux anses, que passaient des élèves sages.

Les vacances venues, je m’élançais vers la campagne pour y retrouver ma famille. Je vécus des mois délicieux et libres dans les