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SOUVENIRS

rie, l’homme à l’écriture artiste, de s’en prendre aux Canadiens de n’être pas lu à Paris.

Et il en fut ainsi pendant vingt-cinq années. Si nous rencontrions encore au début du vingtième siècle des personnes qui nous demandaient, avec un aimable sérieux, si nous logions au sud ou au nord des États-Unis, si pour venir chez nous il fallait prendre par l’isthme de Suez, ou encore si les douze mois de l’année canadienne se déroulaient dans le même ordre et portaient les mêmes noms que les douze mois de l’année européenne, du moins cette ignorance un peu désinvolte était-elle devenue moins fréquente. Le Canada était mieux connu. Notre pays ne tenait plus dans un conte de Cooper ou dans un roman de Raoul de Navery. L’Amérique de René avait repris sa place dans la légende. C’était beaucoup de poésie en moins, mais beaucoup de réalité en plus. Le Peau-Rouge n’était plus un critérium, et le nombre était plus restreint de ceux qui s’accordaient encore l’élégance de traiter systématiquement de barbare toute civilisation nouvelle.

C’était un progrès plus grand que l’on ne