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RENCONTRES

avait pu croire perdue à jamais et qui lui était restée ainsi fidèle, obscurément. M. Fabre était journaliste ; il s’en souvint fort à propos et se mit à raconter son pays. Il lança cette chose nouvelle pour les lecteurs parisiens : la politique canadienne. Les événements lui donnaient l’occasion de fréquents retours en arrière : il instruisait sans paraître y toucher.

Dès son premier article au Journal des Débats, il expliquait nos discussions politiques et se plaisait à montrer combien, jusque dans nos querelles de parti, nous étions restés français. À Paris-Canada, qu’il avait fondé, il se multiplie. En même temps qu’il retrace, d’une plume vive, les mille complications de la vie parisienne, il aborde la politique européenne, les questions coloniales, et donne naturellement la première place aux intérêts canadiens. Et si d’aventure il arrive à quelque écrivain — fût-ce à Edmond de Goncourt — de s’attaquer au Canada, il riposte avec feu, fait en passant le procès du naturalisme qui bat son plein, et reproche à l’auteur de Ché-