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RENCONTRES

moi », avait-il coutume de dire, quand le dernier toast avait été porté. Lui seul, à la vérité, pouvait s’en plaindre. Tous les cœurs allaient spontanément vers lui. Nous ressentions quelque orgueil à le savoir des nôtres. Il était à nos yeux tout le Canada ; et l’hommage qu’il recevait se doublait chez nous de l’intensité de nos souvenirs lointains.

Il savait dire à chacun le mot qu’il fallait. Sans effort, il se prêtait à nos confidences, consentait à écouter nos rêves et, souvent, à nous défendre contre nos illusions. C’est qu’il était venu à la diplomatie par le Quartier latin. Durant son premier séjour en France il avait habité la rive gauche et, avide de beau langage plus que de jurisprudence, il avait été un assidu des séances du Palais. Il s’y soûlait de français. Vers la fin de sa vie, lorsqu’il évoquait ces heures délicieuses, je ne sais pas s’il se calomniait tout à fait quand il se proclamait le plus ancien des étudiants. N’était-ce pas une façon charmante de se rapprocher de nous ?

« Il vient de naître », disait-il plaisamment pour marquer l’ingénuité d’un de nos plus