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SOUVENIRS

Je ferme à regret. Et je songe en m’en allant que je n’ai pas perdu ma journée si j’ai pu toucher un peu de la vie de Brunetière. Nous nous promettons d’assister à la vente pour voir, comme dit Bourget de Balzac, disparaître les volumes du maître au son du marteau des commissaires.

Nous sommes ici des pauvres. Tant de richesses passeront devant nos yeux, que nous n’aurons pas. Comme certains enfants, au soir de Noël, regardent derrière la vitre des magasins les bonbons qu’ils ne mangeront point, nous nous contenterons de voir passer en d’autres mains les volumes de cette bibliothèque ; mais ce sera déjà beaucoup si nous avons vu comme une seconde fois mourir Ferdinand Brunetière.

M. Hector Fabre était à Paris l’ami des Canadiens. Pas une fête à laquelle il ne prêtât son appui. Il présidait, avec quel charme et quel éclat, les banquets organisés par nous et s’amusait fort de les voir tourner tous à son honneur. « Encore un qu’on dirait fait pour