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RENCONTRES

une bibliothèque comme celle de Ferdinand Brunetière. Une chambre nue, qui n’a rien de la salle d’exposition et où les volumes sont rangés, les uns sur des rayons, les autres sur des tables. Cela sent l’enchère, la vente publique : plus de caractère ni d’intimité. Il n’y a plus que des livres à vendre ; et c’est nous-mêmes, par notre pieux souvenir, qui créons notre émotion.

Des volumes sont ficelés, d’autres gisent çà et là. Nous en prenons un, pour le toucher, et j’en choisis un vieux, plutôt que l’édition de Victor Hugo dont les pages ne sont pas découpées. Et nous parcourons quelques titres. L’émotion nous envahit devant ces ouvrages que Brunetière a lus et annotés. Nous ne l’avons pas connu, sinon par son oeuvre, vigoureuse et tenace. Et nous retrouvons ici sa pensée disséminée dans des notes qui illuminent, complètent et combattent la pensée de Renan et celle d’autres auteurs.

Je demande Renan. Je veux voir ces notes jetées en marge, d’une écriture volontaire. Je veux voir comment réagissait Brunetière. Je