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SOUVENIRS

rire : « Voilà mes pauvres petites idées ». Et son geste se perdait, bonnement sceptique.

— J’ai, lui ai-je dit en le quittant, rencontré deux faits qui m’ont frappé : la misère des rues et l’insolence riche d’une sortie de l’Opéra, un soir de gala.

— C’est trop, répond M. Faguet. Et il répète : « Il y a les richards et les gueux : On doit pouvoir rapprocher les extrêmes. Moins de gueux, et moins de richards. »

Je me rends place d’Iéna, au numéro trois.

« Monsieur Étienne Lamy habite au premier au-dessus, en face », m’a dit le concierge. Cela paraît compliqué à qui n’a pas l’habitude. Il suffit d’un peu d’attention. Je sonne, et l’on m’introduit dans le petit cabinet où l’écrivain travaille.

Figure douce et pensive ; cheveux en brosse ; tête toute blanche. Il donne l’impression d’une grande simplicité. C’est un type très pur de Français.

Il s’informe d’abord de notre pays et de ses amis les Thibaudeau. Il a gardé du Ca-