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PREMIERS PAS

appréciant les hommes. Il entrait bien dans nos jugements beaucoup d’assurance et quelque naïveté, mais nous acquérions l’habitude des livres et nous en discourions en nous enrichissant.

Un événement douloureux marqua ma vie pour toujours : la mort de mon père. On m’avertit un soir qu’il était au plus mal et que l’on m’appelait auprès de lui, à l’hôpital Notre-Dame. Il expira, entouré de notre immense affection, courageux et gentilhomme jusqu’à la fin.

Le service eut lieu à l’église Notre-Dame. Dans le cortège avaient pris place quelques Indiens venus de Lorette. Mon père les avait beaucoup aidés, ayant écrit en leur nom une supplique au Saint-Siège pour obtenir je ne sais plus quel privilège. Il était devenu chef et signait avec orgueil : Ahistari, chef huron. Comme il était grand et souple, fort brun, avec des yeux admirables, il laissait courir la légende de notre filiation huronne à laquelle certaines personnes croient encore, quand