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SOUS LA COUPOLE

la douceur de la voix demeure ainsi que l’émotion qu’elle m’a donnée ; mais les mots sont morts comme l’héroïne sacrifiée par le vieillard Rassim à la colère du dieu Bel.

On est patriote loin de son pays. J’eusse voulu dire à tous : un Canadien français chante sous la Coupole et, naïvement, j’associais son succès à ceux que quelques-uns de nos compatriotes ont remportés en France. Avouons cette faiblesse. Quel orgueil nous éprouvions, par exemple, à rappeler aux Français qu’un des nôtres installa le trolley rue Réaumur… quand il n’y a pas là de quoi s’exalter.

Hanté par l’immortalité académique, qui ne peut être que terrestre, j’ai voulu savoir comment elle prenait fin.

Émile Gebhart mourut pendant que je me trouvais à Paris. Je me rendis chez lui pour saluer sa dépouille. Une foule discrète attendait. Le cercueil était recouvert de l’habit d’académicien, sur lequel on avait jeté le chapeau et l’épée. Le cortège suivit le boule-