Page:Montpetit - Souvenirs tome I, 1944.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

151
SOUS LA COUPOLE

persévérance. Lemercier, un ennemi pourtant, lui avait dit un jour, après une séance de la Société des Gens de lettres : « Que ne vous présentez-vous à l’Académie ? » Il s’y présenta. Et il fit courageusement les visites. Chateaubriand le reçut à bras ouverts. Mais il n’en fut pas ainsi de tous. Charles Nodier, pour qui Hugo avait cependant fait une campagne électorale, lui refusa sa voix. Villemain, le Secrétaire perpétuel, lui dit : « Vous ne pouvez pas arriver parce que vous êtes le romantisme ». Cousin lui affirma qu’il ne pouvait rien attendre de ces vieilles ganaches. Thiers, lui ayant demandé pardon d’être ministre, se retrancha derrière une raison politique. Viennet fut presque touchant : « Je ne suis plus joué, dit-il à Hugo, et pourtant j’ai du talent. Mais c’est le romantisme qui me tue. Faites-moi ouvrir le Théâtre-Français et… »

Après s’être présenté cinq fois, Victor Hugo fut enfin élu. Le romantisme était entré à l’Académie : Vigny, Sainte-Beuve, Mérimée et Musset y arrivèrent.