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SOUVENIRS

Nous allions rompre tout à coup avec la distance et avec le temps et, après quelques jours de traversée, nous trouver à Paris, mêlés à la vie de Paris, et lisant une feuille, non pas vieillie, mais venant de paraître. Et nous nous sentions perdus au milieu d’une réalité qui nous imposait sa présence. Nous avions devant nous les êtres avec qui, dans une familiarité lointaine, nous vivions depuis longtemps.

Les Français s’étonnaient de l’étendue, de la sûreté de cette connaissance des hommes en vue. En fait, nous disaient-ils, vous connaissez Paris mieux que nous, et ses hommes aussi. Parmi ces hommes, il y avait les académiciens, ceux que l’Académie avait consacrés en les accueillant. Le titre d’académicien nous suffisait. L’aréopage nous en imposait.

Quelques amis se réunissaient vers 1630 chez Conrart : Godeau disait ses vers, d’autres aussi ; et l’on parlait littérature, nouvelles,