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PREMIERS PAS

Mon séjour chez les Jésuites fut aussi bref qu’à l’école primaire. Je ne sais plus pourquoi, — une maladie peut-être ou l’idée d’un climat plus salubre — on me dirigea vers le Collège de Montréal où je m’accrochai définitivement.

On accédait au Collège par le tramway de la rue Sainte-Catherine, court et trapu, du type de ceux que l’on a longtemps vus immobilisés dans les jardins du nord de la ville, en arrêt perpétuel, ornés de fleurs ou de verdure. Ouverts l’été, avec des grappes humaines suspendues aux portants, fermés l’hiver et à peine éclairés du vacillement de petites lampes, munis d’un œil rouge qui donnait sur les voies, ils allaient, conduits par des figures patibulaires, comiquement encapuchonnées, et tirés par des chevaux que des renforts aidaient aux points névralgiques, car si cela allait tout seul en terrain plat, un vigoureux coup de reins suffisant à entraîner le véhicule sur l’acier, gare à la moindre côte ! Il fallait