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SOUVENIRS

gueuses des pionniers jusqu’aux cercueils cossus des paysans installés.

De ma petite enfance à Montréal, il ne me reste guère de souvenirs. J’entends un moulin à scie. Je me perds avec un camarade vers le chemin Papineau.

La ville était peu étendue, mais elle allait faire un bond formidable à la suite du boom de l’immeuble. Elle s’arrêtait à des limites que l’on décèle encore aujourd’hui, si on y prend garde, et qui sont marquées, ici par des maisons de pierre qui furent opulentes, ailleurs par des demeures en bois ou en brique d’un caractère plus simple, car des quartiers abritaient une bourgeoisie prospère, d’autres une vie modeste.

Le milieu où j’évoluais était plutôt commercial. Ma famille habitait rue Saint-Laurent. Notre rayon n’était pas très étendu. Nos courses se bornaient surtout à un quadrilatère formé par les rues Saint-Laurent et Saint-Dominique, Lagauchetière et Craig. J’ai vécu là des heures insouciantes, avec de rares échappées : une vie d’enfant attiré par