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DES POISSONS

La perchaude gagne tous les jours du crédit parmi les pêcheurs amateurs, les savants et les gourmets des États-Unis. M. H. H. Thompson, dans l’American Angler du 2 juin 1883, fait un éloge à tout casser de la perchaude.

Certains Américains iront jusqu’à préférer la perchaude à l’achigan et à la truite commune. Écoutez ce qu’en dit Frank Buckland, qui donne le ton sportif aux États-Unis : Our friend, the perch, is one of the most beautiful fish it has pleased Providence to place in our waters. Not only does he afford the angler excellent sport, but to the professed cook his arrival in time for the “ menu ” is most welcome, as witness waiter Souché, as served at ministerial dinners, city banquets, or private parties at Richmond and Greenwich.

Si nous avions accès au chapitre, nous dirions que la perchaude est d’une chair fine, saine, nourrissante, pourvu qu’elle sorte d’une eau claire, vive et pure ; la froidure des eaux, au printemps et à l’automne, ajoute encore un point à sa saveur. Prise en eau vaseuse, elle peut être nourrissante, mais elle n’est pas délectable.


COMMENT SE PÊCHE LA PERCHAUDE


Une ou deux brasses de ficelle garnie d’un plomb et d’un hameçon à un bout, attachée à une hart, à l’autre bout, avec ou sans bouchon, voilà la ligne des enfants : un bambou léger, avec bannière en soie, et, une avancée de florence, de quatre à cinq pieds, couleur lavande, hameçon mince en bricole, une chevrotine pour cale, une flotte azur et blanc, s’adaptant à la canne légère, voilà ce qu’un galant chevalier remet aux mains de la dame de ses pensées, qui le remercie en l’appâtant d’un regard ou d’un sourire plus dangereux pour lui que l’esche la plus appétissante pour la perchaude. Comme raffinement, nous avons le pater noster, un engin admirable, trop peu utilisé ici. Il est possible même qu’il soit absolument ignoré. L’ayant essayé avec un succès étonnant, à la pêche à l’éperlan, nous croyons devoir en recommander l’usage.

Animal essentiellement vorace et carnassier, la perchaude a l’appétit de toute chair vivante ou morte, pourvu qu’elle soit fraîche. Mouches, sauterelles, mannes, écrevisses, asticots, lombrics lui fournissent le menu de tous les jours, en été ; mais, chose assez étrange, dont nous avons pourtant constaté l’exactitude à maintes reprises, ce que préfère la perchaude avant tout, ce sont les intestins de ses congénères.