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LA PERCHAUDE

LA PERCHAUDE


Perche jaune — Yellow Perch. — Perca Flavescens


Un des poissons les plus répandus dans les eaux douces de l’Europe et de l’Amérique septentrionale, c’est bien la perche commune, perca flavescens, perche jaune, que les Canadiens-Français persistent à nommer perchaude, lorsque leurs compatriotes anglo-saxons l’appellent avec raison yellow perch, traduction exacte de perche jaune. Étant bien entendu que nous savons ce que parler veut dire, que « perchaude » est un abréviatif convenu de perche jaune, nous adoptons décidément perchaude pour la désignation de ce poisson dans la description que nous en faisons. C’est du patois, me dira-t-on ; mais aux gens très particuliers sur le substantif, je réponds en praticien : « Montrez-moi votre langue, s’il vous plaît. » On essaierait en vain d’extirper cette expression vicieuse de notre langue populaire. Perchaude est la perche jaune, et perchaude elle restera.

Le nom de perche jaune a été donné à ce poisson, pour sa couleur où le jaune prédomine. Nous avons dans nos eaux douces un nombre comparativement restreint de percoïdes, dont la perchaude est le type principal, en même temps que l’espèce la plus répandue. Au premier rang figure le bars, poisson de fortes proportions, d’une grande beauté, quasi majestueux, quand il est sur l’âge, vivant bien également dans les eaux saumâtres, à l’embouchure des fleuves, et dans les eaux douces ; gris bleu sur le dos, avec ventre argenté, le plus vaillant de sa famille ; puis vient le doré ou sandre d’Amérique, qui gardera le nom de doré, que la science lui dénie pourtant, aussi longtemps que la perche jaune gardera celui de perchaude, pour des raisons d’énergie de langage national, à défaut d’autres. Il est dans l’oreille du peuple canadien, rien ne l’effacera. Doré ? ce mot-là n’existe pas en France ; on y connaît la Dorée, le poisson de saint Pierre — vous vous le rappelez ? — qui a crié oh, iog ! quand le saint pêcheur l’a tiré de l’eau, et qui garde sur ses flancs aplatis la marque de la pression de deux doigts. Ce poisson sacré, de la mer Tibériade, ne ressemble en rien (voir fig. 21) à notre doré, fusi-