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ENGINS DE PÊCHE POUR CYPRINS

la pêche au vif. Avec eux, on prendra des anguilles, des perches, des truites, des brochets, etc. Bien entendu, il importe que l’amorce soit aussi vivante que possible ; de là différentes manières de l’enferrer, suivant qu’il a la vie plus ou moins dure. Nous emprunterons encore à M. de la Blanchère les renseignements suivants :

« Un principe basé sur l’observation doit dominer toutes ces méthodes pourvu qu’elles soient rationnelles ; c’est que tout poisson chasseur attaque sa proie par la tête. Ceci est sans exception, et la nature a été conséquente avec elle-même ; le mangeur a les dents en crochet, la plupart du temps ; par conséquent ces dents, en s’accrochant dans les écailles du mangé, le retiennent nécessairement et presque sans effort ; en second lieu, si la proie est grosse, quand le mangeur a pu embrasser la tête du mangé tout à fait, la partie la plus forte du corps suivra, car elle est rarement plus grosse que la tête des poissons-proie, et d’ailleurs la forme en fuseau aide à la déglutition ; dernière raison : comme le chevesne, le mangeur, n’a pas de dents proprement dites ; il possède au fond du palais des espèces de crochets entre lesquels il broie, en passant, la tête du mangé et le rend inerte. Tout cela n’arriverait pas, si le mangeur attaquait le mangé par la queue.


Fig. 214. — Manière d’escher au vif avec l’hameçon à boucle, d’après de la Blanchère.


Fig. 215. — Manière d’escher au vif avec la bricole, d’après de la Blanchère.

On prend un hameçon simple à boucle ; c’est ici le cas de se servir de ces hameçons. On fait entrer les pattes dans la bouche du poisson qui doit servir d’appât, et on le fait sortir au-dessous des ouïes. On attache ensuite l’hameçon à la ligne, sur laquelle on lie la queue du poisson. On prétend que de cette manière le poisson vit plus longtemps ; puis on coupe une de ses nageoires pectorales afin de le faire pirouetter dans l’eau et d’attirer fortement les poissons carnassiers, lesquels, pensant rencontrer un poisson blessé qui ne pourra les éviter, se jettent avidement sur lui.

On peut modifier avantageusement cette méthode en se servant d’un hameçon fin limerick, courbé ou droit, empilé soigneusement d’avance sur florence forte ou sur corde filée d’une longueur de 20 centimètres environ, cette empile portant une boucle à son extrémité  : on passe délicatement cette boucle par la bouche du poisson, en la faisant sortir par