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LA CARPE

À Fontainebleau, il y a des carpes familières, qui viennent manger dans la main d’enfants qui ont su gagner leur affection. À dire vrai, celles-là ont eu le temps d’acquérir des connaissances, s’il est vrai qu’elles ont plus de trois cents ans d’existence. À en croire mère-grand’, elles sont nées vers l’époque de la découverte du Canada.

Mais en voici une autre qui va rejeter dans l’ombre les vieilles cyprinoïdes de Gabrielle d’Estrées, avec leurs lèvres moussues, puisqu’elle date des premiers jours de l’ère chrétienne :

« Le Journal de Bourbonne a publié une note stupéfiante, annonçant qu’on venait de découvrir une énorme carpe vivante dans l’un des tuyaux de la grande canalisation des thermes civils.

« Ce poisson de l’espèce cyprinus major, mesure, de l’extrémité de la tête à celle de la queue, 29 pouces, et pèse un peu plus de neuf livres et demie. Il est très gras, de belle couleur, et fort vigoureux.


Fig. 210. — LA CARPE MIROIR. — The Mirror Carp (Cyprinus Carpio).

« Mais le plus extraordinaire, c’est qu’à la lèvre supérieure de l’animal est passé un anneau, bague ou cachet assez informe, fait de bronze, autant qu’on a pu en juger dans ce court examen, et sur lequel sont gravés, en caractères assez lisibles, les mots suivants :

CES AVC I LINGON ANN V DM

« Il est évident que cette inscription remonte à l’époque gallo-romaine, et il en résulte que le poisson qui la porte serait âgé d’environ dix-huit cents ans.

Et cependant n’a-t-on pas le droit de dire que ce n’est là qu’une légende ?