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LES POISSONS

croire que le Père de Quen ou le Père Masse se sont servis d’une pareille épellation ? Sans vouloir pédantiser, je me permettrai de faire observer qu’à l’époque où vivaient ces missionnaires on ignorait le w, dans la langue française, et pour ce, le comité américain qui a décidé la question a eu toute raison de faire disparaître pareille lettre de l’orthographe de ce mot. Du même appoint, en parcourant les Relations des Jésuites, on constatera que souvent le diphtongue ou la lettre w sont remplacés par le chiffre 8, qui se prononce avec aspiration, comme les deux premières lettres du chiffre, c’est-à-dire « hu, » ainsi que je crois devoir l’écrire. À la page 55 de son beau livre The Ouananiche, M. Chambers semble me justifier, par ces mots : « The Indians usually pronounce the word with a kind of an aspirate at the commencement, which it is difficult to represent on paper, the nearest approach that I can devise to the sound in written characters being whou-na-nishe, whan-na-nishe, and sometimes when-na-nishe. »

Il importe avant tout de respecter « l’h » aspirée du commencement du mot, « car ce serait durement choquer l’oreille française que de dire des ouananiches. Autant vaudrait écrire tout de suite, des oies naniches, ce qui répugnerait sans doute à plus d’un académicien français. Tant que nous n’écrirons pas des zéros pour des héros, conservons le « huananiche, » par respect pour la grammaire et l’Académie.