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LES EAUX DU GRAND-NORD

Par le président :

Q. — Les saumons pénètrent en grand nombre, dites-vous, jusqu’aux sources occidentales : n’est-ce pas pour y frayer ?

R. — Oui.

Q. — À quelle distance ces sources sont-elles des eaux qui ont leur cours vers l’est ?

R. — Le saumon que l’on capture dans le lac Babine vient de la mer par les rivières Skeena et Babine. Plus à l’est encore, les lacs Stewart, Tremblay et Tatla forment une autre chaîne, sur une étendue de cent vingt milles environ, en communication avec les eaux du Fraser. Le saumon y pénètre par ce fleuve.

Q. — La distance est-elle trop grande pour qu’on puisse essayer de mettre dans les eaux qui courent vers l’est du frai de saumon recueilli dans les sources des rivières occidentales ?

R. — Du tout. La chose serait facile.

Q. — Je vous le demande, parce que nous avons eu des témoignages contradictoires sur la question de savoir s’il y a du saumon dans le Mackenzie. Deux personnes ont dit oui : deux autres personnes ont dit non.

R. — On pourrait, certainement, prendre du frai de saumon au lac Stewart et le mettre dans les eaux qui ont leur courant vers l’est.


Le lieutenant-gouverneur Dewdney continue sa déposition, le lendemain, eu ces termes :


« Hier matin, lorsqu’il m’a fallu interrompre ma déposition, M. le sénateur me questionnait sur le faite qui sépare les sources des cours d’eau tributaires de l’océan Arctique de celles des cours d’eau affluant dans le Pacifique. Il désirait beaucoup savoir s’il était possible de transporter du frai de saumon des eaux occidentales dans les eaux ayant leur courant vers le nord-est, parce que l’on disait que la rivière de la Paix ne contenait pas de saumons. Je me suis rappelé, depuis, qu’il existe un point plus accessible que celui dont je parlais — près du grand coude du Fraser, au petit portage appelé Giscome. C’est par lui qu’on amenait, dans les commencements, les provisions destinées pour la rivière d’Ominica. En fait, des embarcations construites à Victoria ont remonté le Fraser et, rendues à cet endroit, ont été portées par terre aux eaux affluentes de la rivière de la Paix. Il n’y a pas d’élévation notable. Je crois qu’on a construit, sur le portage, une glissoire pour y traîner plus facilement les canots. Pour les essais de transportation du saumon, voilà le point le plus avantageux, d’autant plus que ce poisson abonde dans le Fraser et ses tributaires.