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LE GRAND-NORD

À 900 kilomètres environ de sa source, l’Athabaska entre dans le lac du même nom, mais l’ancienne bouche fluviale est a une distance considérable du déversoir actuel. Cette distance d’environ 50 milles est traversée par diverses rivières qui par de grandes crues se transforment en un golfe comprenant toute la surface d’un vaste delta.

« C’est à l’extrémité occidentale du lac qu’entrent les eaux de l’Athabaska, et c’est du même côté que se fait la sortie ; la région du delta est commune à l’affluent et à l’effluent. La branche principale de l’émissaire qui prend ici le nom de Great Slave River serpente entre des terres basses, alternativement noyées ou émergées, mais elle grossit rapidement en recevant le tribut des bayous, dans lesquels la Peace River se ramifie à son embouchure.

« La grande rivière des Esclaves roule une forte quantité d’eau, puisqu’elle réunit dans son courant l’Athabaska et la rivière de la Paix. Entre les deux petites rivières au Chien et au Sel se trouve un rapide d’environ trente milles, entrecoupé de sept portages. En aval de ce rapide commence le vrai MacKenzie qui s’unit bientôt au Grand Lac des Esclaves. Ce fleuve est navigable d’ici à la mer polaire, distance de 2,400 kilomètres.

Autour du Grand Lac des Esclaves se ramifient des golfes alimentés d’affluents sortis eux-mêmes d’autres lacs : la longue branche du nord reçoit les eaux issues des lacs du Brochet, de la Martre et Grandin ; la baie Christie ou le « Fond du Lac » au sud-est, a des tributaires moins considérables, tandis qu’au nord-est la baie McLeod, autre « Fond du Lac, » est le réservoir où se déverse par la « Queue de l’eau » tout un vaste chapelet de lacs étendus, Aylmer, Clinton-Colden, Artillery d’autres encore. À une vingtaine de kilomètres en avant de son embouchure, la Queue de l’Eau plonge d’une grande hauteur en une puissante cascade à laquelle Back attribue de 120 à 150 mètres de chute, et dont le courant est tellement resserré que l’on croirait presque pouvoir le franchir d’un bond ; les vapeurs s’élèvent en nuages à des centaines de mètres au-dessus de l’abîme. La beauté de la cascade provient surtout, pendant huit mois de l’année, des pendentifs de glace qui frangent les corniches et qui s’épanchent de la caverne et des anfractuosités de la paroi ; des mousses et des rouilles leur donnent une variété infinie de couleurs : de là le merveilleux effet du spectacle « auquel on ne saurait comparer celui même du Niagara. » La chute de la Queue reçut de Back le nom de Parry Falls. Un autre affluent du Grand Lac des Esclaves, Hay River ou la « Rivière aux Foins, » qui se déverse dans le lac, près de son extrémité occidentale, est aussi l’un des cours d’eau où de rares voyageurs ont admiré des cascades « plus belles que le Niagara. » Heureusement, le Grand-Nord devient d’année en année plus accessible, et