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LES SALMONIDÉS DE LA COLOMBIE

toutes les grandes entreprises financières ou commerciales du Japon depuis près de trente ans, et c’est un peu grâce à sa longue expérience des coutumes occidentales, en politique ou en affaires, qu’il a atteint la haute réputation dont il jouit à si juste titre dans son pays. Cette expérience qu’il est allé puiser en France, en Angleterre et en Allemagne, il l’a mise tout entière au service de sa patrie, dont il est fier et dont il vante avec tant d’enthousiasme les progrès merveilleux dans toutes les branches de l’industrie humaine.


M. Mayeda parle très bien le français, et il s’exprime assez correctement en anglais. Il a occupé, avec beaucoup de distinction, le poste de ministre du commerce et des finances. Il se retire actuellement chez M. Takahashi ; depuis un mois qu’il est arrivé à Montréal il a visité une partie du Canada, y compris la Colombie anglaise, où se trouvent établis un grand nombre de Japonais, puis les États Unis.


« Ce qui m’a ramené au Canada, déclare-t-il, c’est la nouvelle que mes compatriotes étaient menacés de se voir traités sur le même pied que les Chinois. Cependant, je suis convaincu, et toutes les personnes intelligentes, comme celles qui ne sont pas prévenues contre nous en ont elles-mêmes la conviction, que les deux peuples japonais et chinois n’ont ni les mêmes caractères, ni les mêmes goûts, ni les mêmes aptitudes.


« Le Chinois immigre en ce pays pour y faire de l’argent et en économiser le plus possible pour retourner en son pays et y vivre du fruit de ses épargnes.


« Le Japonais, en certains cas, amasse une grande fortune et dépense d’une manière extravagante. Il arrive alors, la plupart du temps, que ce Japonais retourne au Japon plus pauvre qu’il n’en était parti. Il est faux de dire que les Japonais travaillent à un salaire inférieur, dans la Colombie anglaise, ce que condamneraient fortement et avec raison les associations ouvrières canadiennes. Mes compatriotes reçoivent les mêmes rémunérations pour leur travail que leurs compagnons de travail qui émigrent d’Europe ou des États-Unis. Le défaut du Japonais est de dépenser à peu près tout ce qu’il gagne.


« L’ouvrier japonais serait en mesure de rendre de précieux services au Canada. Il est respectueux de la loi, paisible, et s’assimile très bien et rapidement à la civilisation occidentale, quand il est sagement guidé. La majorité des Japonais établis dans la Colombie anglaise se livrent à la pêche du saumon, durant les mois d’été ; je ne vois pas pourquoi l’on