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LES POISSONS

que les alevins descendent en plus ou moins grande quantité, suivant le nombre de saumons sockeye qui sont entrés dans le lac l’année précédente. Ceci indiquerait que le saumon peut avoir environ sept mois lorsqu’il part pour l’eau salée. Ici, la truite ne mord pas aux amorces des pêcheurs à la ligne, durant les mois de septembre, octobre et novembre, ou pendant que les œufs de saumon sont en abondance.

Les deux fortes migrations consécutives, et les deux faibles migrations du saumon sockeye ont été régulières, à une exception près — 1888 — depuis 1858, et en remontant même en arrière, jusqu’aux années de disette parmi les indigènes. On affirme, parmi les observateurs intelligents, que la migration du saumon aurait augmenté durant ces années dernières.

Je dois ajouter que cette partie du pays offre une occasion des plus favorables pour étudier les habitudes du saumon qui fréquente ces eaux, et pour recueillir des données utiles, à un point de vue scientifique.

Le doute, par exemple, qui existait sur la question de savoir si le saumon retourne à l’eau salée après avoir fait ample provision contre l’extinction de son espèce en déposant ses œufs, pourrait être élucidé d’une manière certaine sur la rivière Seton, et cette phase intéressante de son existence être établie d’une manière concluante. Les observations ajouteraient aussi puissamment aux connaissances que nous avons déjà concernant les alevins, en comparant leur culture artificielle avec ceux produits dans des conditions naturelles, et beaucoup d’autres sujets de renseignements essentiels à la bonne condition d’approvisionnement pourraient être facilement obtenus, ce qui donnerait du goût pour d’autres recherches intéressantes.

D. J. Munn.


La même espèce de poisson — le saumon onchorynchus — existant en Chine et au Japon, il n’est pas étonnant de voir les Chinois, par âpreté au gain, suivre dans l’Alaska, les Américains reconnus pour leur habileté et leur largesse en affaires, dès le lendemain de leur prise de possession de ce territoire aux eaux poissonneuses d’une rare renommée, et se rabattre ensuite sur la Colombie, après une première déconvenue. Renvoyés de l’Alaska, ils ne tardent pas à être chassés de New-Westminster et de Victoria, où ils partagent avec les Japonais et les Peaux-Rouges nos travaux dans les fabriques de conserves. La similitude des travaux, la ressemblance des traits et de la couleur ont valu aux Japonais une injure non méritée contre laquelle un de leurs hommes éminents, l’honorable Massana Mayeda, est venu protester (auprès du gouvernement du Canada, le 22 de ce mois (juillet 1897), dans les termes nobles et réservés que l’on trouvera plus bas :


« L’hon. Massana Mayeda, de Tokio, homme d’État remarquable du Japon, est depuis quelques jours à Montréal, en mission spéciale.

M. Mayeda est l’un des membres de la haute diète impériale japonaise les plus influents et les plus distingués. Il a été activement mêlé à