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LES POISSONS

dans l’eau, ce qui effarouche encore davantage les saumons, qui fatalement vont se faire prendre dans les filets tendus au-devant de leur route.


« En Russie, dit Sauvage, le saumon automnal s’engage par petites troupes, au mois d’octobre, dans la Néva, tandis que dans d’autres parties de l’empire se trouve le saumon commun ; celui-ci remonte la Varzouka, l’Oséga, la Dwina du nord, la Mezen, la Petchora, mais n’est plus signalé, à partir de la Chornaya. Dans la Baltique, la mer Blanche et dans les rivières qui s’y déversent, ainsi que dans les lacs communiquant avec ces rivières, les Russes emploient fréquemment, pour s’emparer du saumon, des barrages faits en branches de saule ; de distance en distance sont des filets ou des sortes de cages en osier dans lesquelles le poisson pénètre facilement, mais d’où il ne peut sortir. »


« Dans la Petchora, au dire de M. Soubeyran, on prend le saumon au moyen de filets flottants, dans lesquels le poisson vient s’enmailler, ou à la ligne. Dans ce cas, une perche est organisée, de façon à pouvoir basculer, dès qu’elle est libre, sur une sorte de trépied ; elle porte à l’une de ses extrémités une ligne armée d’un hameçon qui plonge dans l’eau ; elle est maintenue dans cette position par un système de morceaux de bois que le poisson dérange par la secousse qu’il donne en frappant l’amorce ; comme l’autre extrémité est chargée de pierres qui lui donnent une pesanteur beaucoup plus grande, la perche se redresse, et le poisson est ainsi tiré hors de l’eau. Cette disposition permet à un seul homme de surveiller en même temps un grand nombre de lignes. »


Le système de barrage est surtout employé sur le fleuve Amour où les Manègres, après avoir intercepté le lit de la rivière au moyen de branches de saule, pratiquent en certains endroits, au moyen de trous dans la glace, le harponnage du saumon qui y vient respirer. C’est le saumon lagocéphale qu’ils capturent ainsi, de même que le saumon fluviatile ; le saumon sanguinolent est surtout pêché dans la baie d’Ochotsk, tandis que le saumon corégonoïde abonde dans les rivières et les torrents de l’Altaï, de l’Obi, de l’Irtis et dans le Iénissé.


La lettre suivante complète le témoignage d’un homme renseigné en la matière et dont la parole mérite crédit :