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LES SALMONIDÉS DE LA COLOMBIE

cassée, on fait une nouvelle couche de glace à laquelle on superpose un second lit de poissons, recouverts eux-mêmes par de la glace, puis on ferme la caisse pour l’expédition. »


Depuis le Labrador jusqu’à l’extrémité ouest du Canada, le transport du saumon ou de la truite, qu’il ait été fait par la compagnie Fraser ou par d’autres, n’a jamais été fait autrement, durant ces quarante dernières années. Et le commerce doit sans doute suivre ces mêmes méthodes entre l’Alaska et les États-Unis. N’a-t-on pas adopté à New-Westminster les procédés de congélation en guise de la fabrication des conserves ? On y trouve une sérieuse économie de temps et de main-d’œuvre.

On sait que le salmo salar ou saumon commun de l’Atlantique remonte nos rivières en été pour faire sa ponte en automne et en hiver. En Islande, en Russie et en Colombie il y a du saumon d’été et du saumon d’automne, pour lesquels l’économie varie nécessairement. On remarque en Islande qu’au mois de juin, époque de la pêche, il entre plus de saumons dans les rivières, par certains vents, par le vent soufflant de mer, par exemple. Cette remarque est commune entre les fleuves affluents du golfe Saint-Laurent et ceux de l’Islande.

C’est presque toujours d’après le vent que les pêcheurs de la côte nord du Labrador augurent les chances de la pêche au saumon. À cela peut-être ont-ils raison, car si le vent pousse les glaces à l’entrée des rivières, il y opère un barrage fatal qui empêche le saumon de monter. D’un autre côté, si le vent porte au large, le poisson voyant le passage libre devant lui, monte en si grande abondance qu’on peut le prendre à la main en fouillant sous les grosses pierres, ou en le harponnant au moyen de longues piques. Parfois, après avoir choisi un endroit où les eaux sont basses, les pêcheurs construisent, à l’embouchure des ruisseaux qui se déchargent dans la mer, une digue en pierres, disposée de manière à ce que l’eau puisse passer. À la marée montante, le poisson franchit facilement la digue ; l’eau baissant, il se trouve bientôt prisonnier, et on le capture alors facilement.

D’après le récit d’un voyage en Islande, publié en 1802, et traduit du danois par Gauthier de Lapeyronie, on y pêcherait le saumon d’une manière très curieuse : après que la digue dont nous venons de parler a été établie, on barre la rivière au moyen de filets dont les extrémités sont tenues par des hommes à cheval ; d’autres cavaliers laissent aller leurs chevaux à la nage, ce qui épouvante tellement le poisson, que, dans sa frayeur, il n’ose ni franchir les filets en sautant, ni chercher à se glisser en dessous ; d’un autre côté, le rivage est garni de gens qui jettent des pierres