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LES POISSONS

pas, pour une mer qui baigne les pays les plus avancés de l’Europe et de l’Amérique ? Pour nous, en ce qui concerne le Canada, nous nous rattrapons, grâce à Dieu, par le saumon du Pacifique ; mais pourquoi souffrir cette injustice, lorsque le Danube produit le saumon heusch, et qu’en Norvège vit le saumon mistops, au corps argenté, orné de taches en forme d’X, remarquable pour la petitesse de son œil, et le saumon cambrien ? Celui-ci fréquente également les cours d’eau du Danemark, d’Angleterre et d’Irlande ; il a le dos verdâtre, avec quelques petites taches noires disséminées sur la tête et sur les flancs ; le ventre est argenté ; d’après certains naturalistes, il donnerait des métis avec la truite.


« La pêche du saumon, dit le Dr Sauvage, est très active en Norvège : aussi, le prix de ce poisson a-t-il considérablement augmenté depuis une vingtaine d’années.

« Cette pêche commence dès les premiers jours d’avril et dure jusqu’à la fin de septembre. On se sert de filets placés d’une manière permanente à l’embouchure des fleuves ; ces filets décrivent des lignes sinueuses dans lesquelles s’engage le poisson, et l’on prend souvent ainsi jusqu’à trois cents saumons dans une seule marée. »


C’est exactement le mode de pêche qui se pratique à l’embouchure des grands cours d’eau de la Colombie, à cette différence près que la pêche de chaque jour rapporte à peu près neuf cents pièces, et celle d’une saison environ 12,000 poissons. Deux hommes dans un bac avec un certain nombre de filets à mailles de 4½ à 5 pouces suffisent à la tâche du barrage à l’entrée des rivières. Cette opération se pratique depuis l’entrée jusqu’à quatre ou cinq milles au-dessus, suivant que le pêcheur y voit son profit. Quelquefois le filet fait place à la seine, si l’on voit du bon en cela.


« D’après de la Blanchère, le saumon de Norvège est très recherché pour sa chair succulente, et il s’en exporte, chaque année, une grande quantité, surtout en Angleterre, à l’état frais, et conservé dans la glace. Dans le but de conserver ce poisson pendant un temps assez prolongé pour permettre son expédition dans des contrées éloignées, on a eu l’idée de construire des glacières parfaitement aménagées, dans lesquelles le poisson séjourne sur la glace jusqu’au moment de l’expédition, c’est-à-dire quelquefois sept ou huit jours. Pour le faire voyager, on l’arrime avec de la glace, dans des caisses de bois, de telle sorte qu’il y ait au fond une couche de glace concassée, puis un lit de poissons placés côte à côte, le ventre en l’air ; on remplit les interstices avec de la glace con-