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LES POISSONS

remonte ainsi le long de la hampe, en passant quelques tours de soie, tous les trois ou quatre tours de plume. On se sert ordinairement, pour monter ces mouches, d’hameçons limerick sans palette (fig. 184) ; ils ont la hampe plus longue et plus mince.

Arrivé donc à l’extrémité de la hampe, il faut arrêter tout cela. On prend alors un petit morceau de soie fine, d’environ 10 centimètres, que l’on double et que l’on place, la boucle tournée vers la palette, sur la plume et la première soie. On continue à faire passer sur les deux bouts de la boucle, la première soie qui retient la plume, et quand on a fait un certain nombre de tours — le moins possible — on passe l’extrémité de la soie dans la boucle, entre l’un des deux petits bouts de la boucle ; celle-ci se serre, et le tout est arrêté. Rien de plus simple, comme on le voit, que cette manière de faire ce que l’on appelle, en terme de pêche, les chenilles et les cousins.

Il faut maintenant apprendre à confectionner les mouches à corps ; cela n’est pas plus difficile. On empile un hameçon de grosseur appropriée, sur une florence bien choisie, ayant soin que la soie poissée qui a servi, reste libre aux deux extrémités de la ligature arrêtée, sur une longueur de 0m,20 à 0m,25. On pose alors sur le haut de la hampe, et les pointes fines tournées à l’opposé du dard de l’hameçon, une barde de plume de paon ou d’autruche, et une plume de la collerette du coq, longue, mince et bien velue. Après avoir attaché solidement ces deux plumes avec l’extrémité supérieure libre de la soie poissée, on tourne, en spirale pressée sur la ligature, la barbe de paon ou d’autruche, jusqu’en face de la pointe de l’hameçon, et là on l’arrête avec le second bout de soie poissée.

On a fait ainsi le corps de la mouche, et l’on peut le rendre plus brillant en l’entortillant d’un fil d’or ou d’argent placé en même temps que les deux plumes ; mais cet enjolivement n’est pas une nécessité, et rien ne prouve même qu’il soit un perfectionnement, quoique le poisson soit attiré — comme nous l’avons vu — par les brillants ou une couleur éclatante.

Pour revêtir ce corps des soies ou poils qui doivent l’entourer, on prend la plume de coq qui reste libre, par sa pointe, et on la tourne aussi en spirale sur le corps de la mouche. Arrivé en bas, on la lie aussi avec la soie libre, et on coupe les bouts de soie et de plume : la mouche ou chenille est terminée par le bas.

Pour couvrir mieux le dard de l’hameçon, on fait dessus avec le bout de soie supérieur, près de la palette, deux ou trois tours sur les barbules de la plume, de manière à les coucher un peu sur celles qui sont plus bas, et à leur donner en même temps une plus grande solidité. Arrêtez la soie et coupez-la, la mouche est prête à servir. Pour faire une mouche artificielle à ailes, il faut agir absolument de même, seulement choisir