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DES ENGINS DE PÊCHE

est un déclic que le pouce chasse un peu en avant, au moment voulu ; ce déclic presse légèrement par son biseau sur le ressort B qu’il soulève. Une goupille, entrant dans un trou d’une des extrémités de la bobine mobile, maintient celle-ci en position, et, lorsque la goupille est retirée, elle lui rend à l’instant même toute sa liberté.

Les moulinets multiplicateurs ont un inconvénient inhérent à toute mécanique, celui d’être compliqués, et par conséquent sujets à l’usure. Qu’une des deux roues se déforme ou s’ébrèche, et le moulinet est hors de service ; qu’un grain de sable s’introduise — on ne sait comment — dans son intérieur, et la mécanique ne tourne plus.

On a cependant construit un moulinet multiplicateur libre que nous représentons monté (fig. 161), et démonté (fig. 162 et 163), qui est un véritable perfectionnement et nous a rendu de grands services, surtout au lancer ; car il est assez lourd pour être mieux placé sur une forte canne que sur une légère. La platine, du côté de la manivelle, est double ; M (fig. 162) est le recouvrement qui tient à la platine fixe (fig. 163), par trois vis, 2, 3, 4 (fig. 162).

La manivelle N s’emmanche sur le milieu de la roue J engrenant avec le pignon 4, qui a le même axe que la bobine, par derrière, la platine fixe et qu’une roue K en avant, laquelle roue porte des dents de scie triangulaires et régulières. Un cliquet maintenu par le ressort circulaire K engrène dans les dents de cette roue, laquelle peut cependant tourner dans tous les sens, puisque le ressort et le cliquet sont libres. Il résulte de cette disposition, un arrêt léger, très faible, mais suffisant pour que la soie ne se dévide pas au moindre obstacle. Le cliquet présente en même temps un second avantage, c’est que, dès qu’il fonctionne, un tic tac avertit le pêcheur que le moulinet tourne. Si donc la soie est accrochée, au premier pas le moulinet parle, le pêcheur s’arrête et regarde. Il n’est plus exposé, comme je l’ai vu vingt fois avec un moulinet simple, à dévider sa ligne le long d’un chemin ou d’une haie, et à ne s’en apercevoir que quand, arrivé au bout du fil, la secousse lui fait entrer l’hameçon dans les doigts entre lesquels il le tient à l’abri.