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LES POISSONS

d’une dépression, laquelle est suivie d’un renflement : aucune virole ne peut prendre cette forme en entonnoir, et être solide ; il faut donc limer le roseau pour le rendre cylindrique, et alors, il s’emmanche de travers. Il vaut mieux refaire ou acheter un autre morceau, c’est plus simple.

Toutes les deux ou trois ligatures on passera dessous un anneau, et quand on arrivera au scion, on le fera comme nous l’indiquerons à son article.

Il est bon également de munir sa canne d’une lance.

On y monte un moulinet, et l’on est possesseur d’un excellent instrument de pêche, dont on peut réparer au besoin toutes les parties, car il n’est presque pas de village où l’on ne trouve des cannes en roseau.

Les ligatures peuvent se faire également en fouet de lin, en fil de chanvre bien retors, et même en petit fil de cuivre ou de fer, mais, dans ce cas, le mode d’arrêt est différent.

Les quatre ou cinq compartiments qui forment la canne doivent être toujours serrés dans un étui de toile ou de coutil ; on peut y faire entrer également un ou deux scions de rechange, le manche de l’épuisette et celui du filet à papillons. Moyennant cette précaution on échappe au risque de perdre en route une ou plusieurs parties de cet instrument indispensable.


8e CANNE EN BAMBOU (4 ou 5 bouts)


Ces cannes, auxquelles on donne moins de longueur en général qu’à celles faites en roseau, sont plus lourdes, parce que le bambou est plus compact. Comme élégance, comme force, ce sont les meilleures, et rien ne saurait lutter contre le vernis naturel des roseaux d’Asie et d’Amérique. Il ne faut pas croire cependant que l’action de l’eau, de l’air et du soleil, n’ait pas de prise sur eux : ils y résistent victorieusement, tant qu’ils ne sont pas allégés par l’intérieur, mais quand cette opération est faite, ils fendent aussi.

Quoi qu’il en soit, pour les cannes destinées à la pêche à la mouche, c’est la matière par excellence, et c’est en effet celle des cannes de luxe qui vaut le mieux. Ceci tient à ce qu’en choisissant bien le bambou, on peut faire une canne longue et relativement très mince à la main vers le bas, quoique d’une grande force. Il faut surtout ne pas se servir de la pointe des bambous qui est cassante souvent comme le verre. Cette cassure a toujours lieu auprès de la virole du haut, si le vernis du bambou a été entamé pour le percer, et souvent au même endroit, quand même on aurait évité cet accident.