Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
412
LES POISSONS

c’est qu’on prend très bien un gros poisson — et beaucoup plus sûrement — avec un très petit hameçon qu’avec un gros, pourvu qu’on emploie les moyens d’action nécessaires et fournis par le perfectionnement des instruments de pêche.

En résumé, une canne à pêche doit se composer de trois morceaux, qui sont, en commençant par l’extrémité la plus fine : le scion, la seconde, nommée aussi branlette, dans certains endroits, et le pied de gaule.


CANNE DE CAMPAGNE, PLEINE


Cette canne, toujours un peu lourde, doit avoir pour qualités d’être raide, droite et élastique ; si elle décrit un grand C quand on la projette en avant en fouettant, c’est qu’elle plie du pied et ne vaut rien ; elle ne doit ployer que de la seconde et du scion, faire siffler l’air lorsqu’elle le frappe, et reprendre aussitôt la ligne droite.

Le pied de cette gaule sera fait avec l’un des bois suivants, en commençant par les premiers et choisissant celui que l’on trouvera à sa disposition à défaut des autres :

Coudrier, saule, marceau, sapin sans nœuds, noyer, érable, chêne.

On choisira une pousse bien droite d’un de ces arbres, ayant 5 mètres à 5m,50 de longueur, que l’on rognera par le petit bout, de façon à lui laisser une longueur de 4 mètres ou au moins de 3m,50. On la dressera avec soin et on la diminuera, au rabot s’il est besoin, de manière que le plus gros bout, en bas, ait un diamètre de 0m,040, au plus.

Ce bois doit être coupé avant la fin de janvier ou, au plus tard, dans les premiers jours de février, avant que la sève commence à monter, opération qui se fait de bonne heure, surtout pour le coudrier. Cette recommandation s’applique également au choix de tous les bois propres aux secondes et aux scions.

On laissera, à la plus petite extrémité de ce pied de gaule, un long bec oblique parfaitement dressé, forme que l’on appelle bec de flûte.

La seconde sera faite en coudrier : elle aura la même longueur (4 mètres) que le pied, et sera choisie plus mince que lui et bien filée ; on la trouvera parmi les pousses grises de la lisière du bois ou au bord des ruisseaux. Celles qui sont lisses et rougeâtres sont les meilleures. Elle sera taillée en biseau par ses deux bouts, et le biseau du bas sera aussi allongé que celui du pied, de façon à s’ajuster parfaitement sur lui.

Le scion, long et menu, peut être fait d’un brin de coudrier, d’orme, de troène, de cornouiller, d’épine noire, de lilas; il aura 1m,50 de lon-