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DES ENGINS DE PÊCHE

pêche un peu prolongée procure, si l’on est armé d’un instrument défectueux.

Ainsi donc tous les bois durs et compacts, tout en étant élastiques — le hicory, le frêne, le noyer — peuvent servir pour la plus grosse moitié de la canne.

L’orme peut être employé de même aux usages ci-dessus, mais il offre l’avantage que ses jeunes pousses fournissent d’excellents scions, quand il est coupé en temps opportun.

Le coudrier n’est pas dans le même cas ; les scions fournis par ses jeunes pousses sont mauvais, mais comme il donne, d’un seul jet, des gaules très longues et très droites, sans être par trop lourdes quand elles sont sèches, il a le privilège presque exclusif de former des cannes toutes faites pour les gens de la campagne. Dans quelques pays, la rapide végétation des saules de différentes espèces permet d’y choisir de très belles gaules qui ne manquent pas de qualité.

Le sapin s’emploie comme nous le verrons plus loin, mais artificiellement, pour faire d’excellentes cannes réunissant beaucoup d’avantages.

Le bambou, s’il était moins lourd, quand il est gros, serait le roi des bois propres aux cannes à pêche. Excellent cependant parce qu’il ne fend pas, il sert à faire la canne tout entière, y compris le scion, que l’on produit au moyen de bûchettes de bambou refendues, polies et ajustées l’une au bout de l’autre.

Il nous reste à dire un mot de la canne du Midi, qui, sans contredit, serait parfaite, sans la trop grande facilité avec laquelle elle fend, et sans sa fragilité capricieuse, souvent inexplicable : car le morceau de ce chaume énorme le mieux choisi, le mieux arrangé, cassera tantôt dans un nœud, tantôt dans une partie vide.

Aussi, est-ce la matière qui a fait naître le plus de systèmes différents, tous destinés à remédier à son peu de solidité, sans diminuer sa flexibilité et sa légèreté si précieuses.

Constatons enfin que, depuis dix ans, la confection des cannes s’est énormément améliorée au Canada, et que leur forme tend à devenir chaque jour plus svelte et plus fine. L’emploi des moulinets, qui se généralise chaque jour, mène au perfectionnement de la canne, qui doit demander plus à l’élasticité qu’à la force, plus à l’adresse qu’à la brutalité, plus enfin à la patience et au sang-froid qu’au bouillant emportement.

Autrefois — si l’on en juge par les méthodes qui nous en sont restées, — on enlevait le poisson d’autorité, qu’il fût gros, qu’il fût petit ; il est vrai qu’on ne prenait pas ce dernier ; la manière dont les lignes étaient montées devait s’y opposer absolument. Aujourd’hui, l’usage des montures très fines tend à prévaloir chaque jour, et le succès couronne ces expériences. Une vérité méconnue devient de plus en plus démontrée,