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LES POISSONS

d’épuisette, ils ont tort, on ne sait pas à cette pêche en eau trouble, ce qui peut arriver ; nous avons pris, un jour, une brême de 2 kilos, en pêchant au goujon dans 50 millimètres d’eau par une crue, et certes, monté sur un crin, nous ne l’eussions pas eue sans le moulinet et l’épuisette secourable !

Cependant, nous dirons aux pêcheurs sérieusement amis du progrès : montez votre moulinet, mettez une avancée fine, un bon limerick à palette no 12, D (fig. 143), monté sur un fort crin AB, un no 14 plus haut C sur un petit pater noster, et pêchez hardiment. La florence a toujours une certaine raideur que le crin ne garde jamais dans l’eau ; le poisson qui cherche un peu à tâtons concentre toute son attention sur le sens tactile de ses lèvres ; si ce qu’il essaie d’engamer résiste, il le laisse ; s’il ne sent aucune embûche, il mord : il est pris.


Fig. 146. — Ligne en pater-noster.
Nous ajouterons cependant ceci plutôt dans la prévision des heureux accidents qui amènent à la ligne à goujon une pièce plus difficile à prendre — brême, gardon, carpe — que pour le goujon qui est un goulu, lequel quand il a senti le ver, il ne le laisse plus. Il en est de même du barbillon, de la lotte et de l’anguille ; car vous pourrez prendre tout cela dans les brouillards des crues et des eaux troubles.



Fig. 147. — Ligne sur forte florence.
Sans épuisette, faites le corps de ligne en six brins de crin (fig. 145) finissant à quatre.

La ligne à goujon offre une difficulté sérieuse, c’est celle de toutes les lignes qui portent plusieurs hameçons ; comment les empêcher de retomber sur le corps de ligne, de s’y emmêler et d’y devenir inutiles ? On a proposé beaucoup de solutions, celle B de la figure 143 en est une, mais le pater-noster QR (fig. 146) est, à notre avis, la seule complète, tant que la ligne peut porter les deux petits plombs nécessaires pour arrêter la perle. S’il en était autrement, il faudrait faire des nœuds qui seraient un peu moins solides. On monte sur la perle R une soie de sanglier courte, de façon que, pliée et la boucle faite, le tout ait 6 millimètres ; dans cette boucle on passe celle de l’empile S courte, 5 millimètres, des hameçons dont on a besoin. De cette manière, la soie de sanglier ne ployant pas dans l’eau, l’empile de l’hameçon sera toujours isolée et ne pourra se mêler au corps de ligne que l’hameçon ne touchera jamais.