Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/425

Cette page a été validée par deux contributeurs.
399
DES ENGINS DE PÊCHE

L’inclinaison de la grève fait surtout varier le mode de tendre sur ou sous le sable ; le nombre et la grosseur des galets aide encore à déterminer quel mode doit être adopté.

Dans le golfe Saint-Laurent comme dans l’Océan, on tend également ces lignes à une certaine distance des côtes, mais alors en pleine eau. Ordinairement, ces bauffes-là ont de 50 à 60 mètres de longueur, et la corde est de la grosseur de la figure 138. La figure 136 donne une idée très exacte de cette ligne de fond. Les pêcheurs emportent leurs engins dans une barque et s’éloignent du rivage, en se portant au-dessus du fond ou du banc où ils veulent pêcher. Ils commencent par laisser couler doucement la grosse câblière B, et, à mesure, les empiles qui sont espacées de 4 mètres sur la bauffe, celle-ci étant lovée dans un panier ; les empiles restent en dehors, les hameçons sur les bords. On dévide doucement, en nageant, et les hameçons tout amorcés gagnent le fond de l’eau.


Fig. 138. — Bauffe de fond.


Fig. 139. — Bouée.

De temps en temps, sur la bauffe MN, on attache de petites câblières m, n, u ; enfin, quand toute la corde est à l’eau, on attache à la câblière A un orin muni de sa bouée (fig. 139), on laisse couler, et la corde du fond se trouve tendue.

Quand on veut relever cette ligne, on saisit la bouée, et, au moyen de l’orin, on retire la câblière A, puis, successivement, toute la corde que l’on roule à mesure dans son panier, laissant les hameçons empilés au dehors, afin que tout ne s’emmêle pas. On décroche le poisson, au fur et à mesure qu’il se présente. On arrive à la seconde grosse câblière B ; on la remet à l’eau ; on réamorce les hameçons dépouillés, et l’on recommence la pêche de la même manière.

Il est bon de calculer le nombre de lignes semblables que l’on met à la mer, à une petite distance les unes des autres, afin que, pendant qu’on les relève, il y ait assez de temps pour laisser arriver le poisson, et que la pêche soit fructueuse. Il faut que la ligne séjourne au fond de l’eau durant 2 à 3 heures. Si le pêcheur se décide pour ce dernier chiffre, et qu’il faille une demi-heure pour relever et remettre chaque ligne à l’eau, avec 6 de ces engins, ses hommes seront constamment occupés, et en relevant ces lignes à tour de rôle, et dans leur ordre d’immersion, elles auront toutes passé le même temps nécessaire à la mer.