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DES ENGINS DE PÊCHE

laisser faire au poisson vif, et l’autre extrémité, celle qui vient à terre, pourra être attachée à une branche flexible, à un grelot ou à une bobine qui amortira les bonds du poisson pris, et empêchera que le tout ne puisse être brisé.

Malheureusement, les baguettes piquées dans la rive sont bien courtes pour la majeure partie des rivières, où la pêche au brochet se fait par-dessus des masses énormes de joncs et de roseaux ; il faudrait les allonger jusqu’à en faire de véritables cannes à pêche, et c’est le moyen le plus sûr dans la majeure partie des endroits. On se construit trois ou quatre bonnes et solides cannes en roseau que l’on tend l’une à côté de l’autre et que l’on peut surveiller d’un coup d’œil ; on a un pliant (fig. 110), et l’on attend que la chance soit favorable.


GROSSEUR DES APPÂTS VIFS


C’est ici le lieu de dire un mot de la grosseur des poissons qui servent d’appât au brochet ; dans quelque lieu que l’on pêche ce poisson, il faut bien se souvenir que si un petit brochet n’attaque pas un gros poisson-appât, en revanche, un gros brochet ramasse tout ce qu’il rencontre, et ne dédaigne pas du tout une proie assurée qui semble de trop petite taille pour son appétit. Par conséquent, on doit pêcher, en général, au brochet de grosseur moyenne, et choisir le poisson vif en proportion : un appât de 0m,10 à 0m,12 de longueur est déjà capable de servir de pâture à un brochet d’une belle corpulence.

Quoique glouton ou peut être gourmet ; le brochet en est un exemple : il aime à varier son ordinaire, mais sans cependant faire de trop grands écarts de régime. Dans les étangs où il vit avec des carpes, on peut lui en donner : il en sait la valeur, et elles ont pour le pêcheur l’avantage de vivre longtemps, mais il ne dédaignera pas le goujon ni même le gardon.

Dans les rivières à cours lent et profond, à bords herbeux, eaux où il pullule et se plaît, il mangera volontiers le gardon, mais toujours et surtout le goujon, aussi le petit chevesne, le dard, et toujours le pauvre véron qui lui semble une friandise, un entremets sans conséquence, mais dont il goûte toute la délicatesse.

L’ablette sert, à défaut de mets plus délicat ; la grenouille qu’on laisse aller à la fleur d’eau, sans plomb, un petit oiseau nouvellement éclos… tout lui est bon : les petites lamproies, les sangsues… le simple ver rouge, qu’il attaque quelquefois ! La perchette sert encore, mais il faut