Page:Montpetit - Poissons d'eau douce du Canada, 1897.pdf/408

Cette page a été validée par deux contributeurs.
382
LES POISSONS

Du petit au grand, nous ne manquons pas, au Canada, d’eaux bouillonnantes, tant dans nos montagnes que vers les déversoirs de nos usines. Cette méthode devrait donc être essayée ; la truite, chez nous, mord aussi vivement que là-bas, et quand, au lieu d’une cuiller à potage qu’on emploie pour le férox, nous ne nous servirions que d’une cuiller à café — même que de la cuiller d’un ménage de poupée — nous prendrions de belles et bonnes truites que personne n’ose aborder dans ces endroits-là.

C’est la grâce que je vous souhaite, ô lecteur mon ami !


TUE-DIABLE


N’oublions pas de dire que le tue-diable n’a pas besoin d’être gros, au contraire. Le double des dimensions de la gravure 98 suffit ; son emploi est restreint aux eaux bouillonnantes des torrents et des chutes, à la pêche des truites et du saumon en eau douce, tandis que, en mer, on pourra l’adapter
Fig. 98. — Tue-diable.
merveilleusement à toutes les pêches à traîner, pour le maquereau, la dorade, la dorée, la pélamide, etc., etc. Mais alors il est bon qu’il soit plus gros et, comme l’eau salée le détruit en fort peu de temps, on ne se donnera pas la peine de confectionner un si joli modèle : on prendra de petits poissons de plomb dont nous avons expliqué l’usage au mot poissons artificiels.

Passons à la confection du tue-diable (fig. 98). On prend un morceau de plomb en forme d’olive très allongée ou mieux de crayon aminci légèrement des deux bouts. À l’une des deux extrémités, on attache, au moyen d’une solide ligature entrant dans de petites encoches faites au plomb, un morceau de clinquant d’argent, ou tout bonnement de ferblanc mince figurant une queue fourchue de poisson. On recouvre alors le corps de plomb, de soie de couleurs les plus disparates possible, on y mêle quelques tours de fil d’or et d’argent, et l’on obtient une chose qui n’a point d’analogue dans la nature, mais qui brille beaucoup.

Ceci fait, il s’agit d’armer notre engin. On prend une belle florence, ronde, blanche et solide que l’on plie en deux moitiés inégales ; l’une, la plus grande, doit être un peu plus longue que le corps du tue-diable à faire, l’autre moitié plus courte environ. À chaque extrémité de cette florence, on empile soigneusement une bricole formée de deux limericks no 8 à 12, suivant la grosseur du tue-diable. À moitié chemin du grand